Objectifs du blog

Florian Fle est un blog consacré au Français Langue étrangère. Vous pourrez trouver ici des idées de jeu à réaliser en classe, de diverses activités ludiques et j'espère de beaucoup d'autres choses au fur et à mesure de l'évolution du blog. J'espère simplement partager des conseils pratiques pour l'animation de classe, pour la présentation de documents et pour la motivation des élèves. (Dans le plus pur respect du CECR et des approches communicatives et actionnelles). Toutes les remarques sont les bienvenues !

Les libellés proposent un classement par niveau et par type de document.

jeudi 25 octobre 2012

Le bourgeois gentilhomme (Molière)

Niveau : fin (bon) B1- B2
Durée : 40-60mn

Photo de Le Bourgeois gentilhomme
Objectifs linguistiques :
- Révision du gérondif.
- Lexique de la bouche et de l'articulation (ouvrir, fermer, rapprocher, lèvres, dents, langue,...)
- L'articulation des voyelles et de quelques consonnes. C'est ici cet objectif phonétique qui est le plus important.

Objectif fonctionnel :
- Comprendre un extrait d'une pièce de théâtre comique dans laquelle un professeur enseigne la manière de prononcer et d'articuler certains phonèmes français.

Objectifs culturels :
- Un grand dramaturge français : Molière.
- Le contexte socioculturel sous Louis XIV (pour comprendre le pourquoi de cette pièce)

Je l'ai fait en fin B1 et ça s'est plutôt bien passé avec la transcription, même si la première écoute (ou la deuxième...) n'était pas évidente pour les apprenants.

Sensibilisation

L'affiche du film avec Galabru (idiotement censurée par les détenteurs de ses droits comme vous le voyez ci-dessus) (mais d'autres affiches assez similaires peuvent faire l'affaire si vous ne trouvez pas celle-là) me semble particulièrement éclairante pour aborder cette pièce. On y retrouve tous les éléments importants de l'intrigue : l'époque, le héros, ses désirs, sa triste réalité. L'affiche retranscrit parfaitement le titre et l'explicite dans le fossé entre la réalité d'un bon bourgeois ridicule et vulgaire et ce qu'il ne sera jamais : un noble cultivé, même s'il le croit férocement (l'image que lui renvoie le miroir).
Donc j'y vais franco :
C'est quoi ? Une affiche de film : le bourgeois gentilhomme.
D'accord, mais à l'origine, c'est quoi ? Une pièce de théâtre.
De qui ? De Molière (écrit sur l'affiche) Parenthèse : c'est qui Molière ?
Qu'est-ce que vous voyez ? Un gros bonhomme et dans la glace, Louis XIV.
C'est qui Louis XIV ? Pourquoi le reflet dans le miroir c'est Louis XIV ? Quel rapport avec le titre ? C'est quoi un bourgeois ? C'est quoi un gentilhomme ? Ah! Il n'y a pas un oxymore ici ? (une "contradiction".... ok) Oui ? Alors quelle est l'histoire ?
Petite précision qui a son importance : c'est une comédie, ils ne devraient pas avoir trop de mal à la deviner. Le tout est de leur faire comprendre que c'est un bourgeois pas très malin qui veut à tout prix pénétrer le monde de la noblesse et n'y parvient pas vraiment. Et que - cherry on the cake - c'est tout à fait symptomatique de la bourgeoisie de l'époque de Molière et qu'il s'agit d'une satire sociale !

La compréhension globale

Une fois que l'intrigue est posée, on peut passer à l'extrait en question.
Plusieurs passages existent sur youtube ou dailymotion mais tous ne sont pas forcément bons (accent du 17ème siècle ou acteurs qui se trompent dans les explications.... même si ça passe inaperçu pour le public inattentif !!! MAIS pas pour moi). Malgré la qualité visuelle et sonore fort médiocre de celui-ci, c'est le moins mauvais que j'ai trouvé, mais je laisse le choix à votre convenance (il faut chercher "Le bourgeois gentilhomme leçon d'orthographe"). La transcription est en bas de page dans "plus d'infos".

Voici le lien pour mon choix : http://www.dailymotion.com/video/x15v2_m-jourdain-et-les-sons-1_school

Le passage n'est pas très long, entre 2 et 4 minutes selon les versions. La première écoute sert à situer globalement l'action : le bourgeois en question ET son professeur (de philosophie) sont en pleine leçon de prononciation et de formation des voyelles et consonnes françaises (et non pas d'orthographe, contrairement à ce qui est écrit partout...), en un mot comme en cent, en plein atelier de phonétique !
Il suffit de demander : Que fait le professeur ? Il lui montre comment prononcer les lettres. Quelles lettres ? A E I O U + quelques consonnes.
Sur tous les extraits, Monsieur Jourdain a l'air complètement abruti et le maître de philosophie complètement escroc. En demandant aux apprenants ce qu'ils pensent du comportement de chaque personne, ils répondent rapidement qu'il y en a un qui se fiche de la tête de l'autre. On peut le relier à l'intrigue générale : pourquoi est-ce qu'il prend cette leçon ? Pour se cultiver mais l'autre l'arnaque sans scrupules en lui racontant des choses qu'il sait déjà.... Heureusement pour les profs de Fle !

La compréhension finalisée

Si le niveau est bon, il est sans doute possible de faire relever comment on forme chaque lettre en confiant à différents groupes différents phonèmes. Si c'est trop difficile, on passe directement à la transcription mais c'est dommage. Une fois ce relevé effectué, il est temps de décortiquer les objectifs qui vous intéressent. Une petite révision rapide du gérondif (pour la manière ici) ne fait jamais de mal et il est surtout nécessaire à mon sens de trouver un classement malin pour le champ lexical de l'articulation phonétique. Là, j'avoue bien volontiers que je sèche un peu. A part les verbes et les noms, je ne vois pas comment catégoriser tout ça. Si jamais quelqu'un a des idées...

Production

Finalement, la suite logique du travail qui précède, c'est de faire réfléchir les apprenants sur la prononciation des phonèmes français. Je leur ai donc attribué des consonnes différentes (parmi celles qui ne sont pas utilisées dans le document) à chacun (en petits groupes de deux ou trois) en leur demandant d'expliquer de quelle manière on forme chacune de ces lettres. Cette activité a l'avantage de les faire réfléchir à plusieurs sur la manière dont ils prononcent ces lettres, les différences éventuelles entre eux et l'origine mécanique, articulatoire de ces divergences. Donc au final de leur faire prendre conscience de l'importance de cet aspect physique de la prononciation.
Et SURTOUT, surtout, d'arriver à ce qu'ils opposent les D/T, K/G, CH/J, F/V,... et autres couples de consonnes en observant les vibrations des cordes vocales et les continuités ou ruptures de son. Et je le dis tout net : ce n'est pas gagné ! Après que je les ai harcelés à plusieurs reprises sur les séances précédentes et sensibilisés tant bien que mal à ces problèmes, ils n'avaient toujours pas assimilé tout ce qu'on avait fait et qui aurait pu grandement les aider dans ce travail. Je retenterai ma chance un jour...

Mon temps était limité, mais on pourrait prolonger l'activité en demandant également de préciser dans quelles circonstances on peut utiliser ces lettres, ou d'expliciter ce qu'elles expriment facialement quand on les prononce (comme par exemple le U qui sert à faire la moue).






MONSIEUR JOURDAIN.- Après vous m’apprendrez l’almanach, pour savoir quand il y a de la lune, et quand il n’y en a point.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Soit. Pour bien suivre votre pensée, et traiter cette matière en philosophe, il faut commencer selon l’ordre des choses, par une exacte connaissance de la nature des lettres, et de la différente manière de les prononcer toutes. Et là-dessus j’ai à vous dire, que les lettres sont divisées en voyelles, ainsi dites voyelles, parce qu’elles expriment les voix ; et en consonnes, ainsi appelées consonnes, parce qu’elles sonnent avec les voyelles, et ne font que marquer les diverses articulations des voix. Il y a cinq voyelles, ou voix, A, E, I, O, U.

MONSIEUR JOURDAIN.- J’entends tout cela.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- La voix, A, se forme en ouvrant fort la bouche, A [15] .

MONSIEUR JOURDAIN.- A, A, Oui.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- La voix, E, se forme en rapprochant la mâchoire d’en bas de celle d’en haut, A, E.

MONSIEUR JOURDAIN.- A, E, A, E. Ma foi oui. Ah que cela est beau !

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Et la voix, I, en rapprochant encore davantage les mâchoires l’une de l’autre, et écartant les deux coins de la bouche vers les oreilles, A, E, I.

MONSIEUR JOURDAIN.- A, E, I, I, I, I. Cela est vrai. Vive la science.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- La voix, O, se forme en rouvrant les mâchoires, et rapprochant les lèvres par les deux coins, le haut et le bas, O.

MONSIEUR JOURDAIN.- O, O. Il n’y a rien de plus juste. A, E, I, O, I, O. Cela est admirable ! I, O, I, O.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- L’ouverture de la bouche fait justement comme un petit rond qui représente un O.

MONSIEUR JOURDAIN.- O, O, O. Vous avez raison, O. Ah la belle chose, que de savoir quelque chose !

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- La voix, U, se forme en rapprochant les dents sans les joindre entièrement, et allongeant les deux lèvres en dehors, les approchant aussi l’une de l’autre sans les rejoindre tout à fait, U.

MONSIEUR JOURDAIN.- U, U. Il n’y a rien de plus véritable, U.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Vos deux lèvres s’allongent comme si vous faisiez la moue : d’où vient que si vous la voulez faire à quelqu’un, et vous moquer de lui, vous ne sauriez lui dire que U.

MONSIEUR JOURDAIN.- U, U. Cela est vrai. Ah que n’ai-je étudié plus tôt, pour savoir tout cela.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Demain, nous verrons les autres lettres, qui sont les consonnes.

MONSIEUR JOURDAIN.- Est-ce qu’il y a des choses aussi curieuses qu’à celles-ci ?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Sans doute. La consonne, D, par exemple, se prononce en donnant du bout de la langue au-dessus des dents d’en haut : DA.

MONSIEUR JOURDAIN.- DA, DA. Oui. Ah les belles choses ! les belles choses !

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- L’F, en appuyant les dents d’en haut sur la lèvre de dessous, FA.

MONSIEUR JOURDAIN.- FA, FA. C’est la vérité. Ah ! mon père, et ma mère, que je vous veux de mal !

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Et l’R, en portant le bout de la langue jusqu’au haut du palais ; de sorte qu’étant frôlée par l’air qui sort avec force, elle lui cède, et revient toujours au même endroit, faisant une manière de tremblement, RRA.

MONSIEUR JOURDAIN.- R, R, RA ; R, R, R, R, R, RA. Cela est vrai. Ah l’habile homme que vous êtes ! et que j’ai perdu de temps ! R, r, r, ra.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Je vous expliquerai à fond toutes ces curiosités.

MONSIEUR JOURDAIN.- Je vous en prie. Au reste il faut que je vous fasse une confidence. Je suis amoureux d’une personne de grande qualité, et je souhaiterais que vous m’aidassiez à lui écrire quelque chose dans un petit billet que je veux laisser tomber à ses pieds.




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