Objectifs du blog

Florian Fle est un blog consacré au Français Langue étrangère. Vous pourrez trouver ici des idées de jeu à réaliser en classe, de diverses activités ludiques et j'espère de beaucoup d'autres choses au fur et à mesure de l'évolution du blog. J'espère simplement partager des conseils pratiques pour l'animation de classe, pour la présentation de documents et pour la motivation des élèves. (Dans le plus pur respect du CECR et des approches communicatives et actionnelles). Toutes les remarques sont les bienvenues !

Les libellés proposent un classement par niveau et par type de document.

mardi 9 octobre 2012

Laisse Béton (Renaud)

Niveau : B1-B2 (réussi en A2 mais avec moult difficultés)
Durée : 45mn



Objectifs linguistiques :
- Relation imparfait - passé composé (en rappel)
- Quelques mots de verlan/ argot
- Lexique de la bagarre/ de la lutte
- Divers objectifs phonétiques sur la langue familière (je serai qui devient chrai ; ça permet de dériver sur j + s => Ch et par exemple "chais pas" utilisé en permanence par les Français)

Objectifs fonctionnels :
- Comprendre une chanson qui rapporte des événements passés dans un langage familier en suivant une structure qui se répète sur plusieurs couplets.

Autant prévenir tout de suite, il faut une classe motivée ! Et qui comprend bien l'oral. J'ai essayé différentes manières de l'aborder mais ça n'a pas toujours été un succès. Je l'ai d'abord tenté avec un groupe de fin-A2 qui ont pris leur temps mais qui ont réussi ce que je leur demandais, puis avec un groupe de quasi-B2 qui n'a carrément rien compris (et y a mis toute la mauvaise volonté du monde).

Mais en premier lieu, pourquoi cette chanson ?
- Parce que c'est l'une des plus connues de Renaud (qui est un des chanteurs français les plus connus).
- Parce que c'est l'une des chansons de Renaud ou on retrouve le moins d'entraves socio-culturelles (aucune à part le verlan).
- Parce que le verlan et les mots familiers utilisés dans cette chanson sont toujours utilisés aujourd'hui (pour 95% d'entre eux).
- Parce que sa structure répétitive de couplet en couplet favorise sa compréhension.

Pour introduire la chanson, je vous propose de passer le début de cette vidéo qui explique un peu le contexte et l'écriture de la chanson. Cette partie ne m'a pas posé de problème en classe. J'ai juste demandé aux apprenants d'attraper au vol le maximum d'informations. On peut aussi donner quelques informations en plus sur Renaud ou leur faire écoute un petit extrait de Mistral Gagnant. Souvent je leur projette des photos de Renaud jeune/ mi-jeune/ vieux pour illustrer son parcours et ses positions (période mai 68, artiste engagé à gauche, etc).



Un petit travail sur le titre et sur le verlan peut être utile avant d'aller plus loin dans l'étude de la chanson. Si les apprenants évoluent dans un environnement jeune et francophone, il n'est pas rare que certains vous sortent "meuf", "flic", "cimer", "relou" ou d'autres mots courants entendus ici ou là.

Ensuite, première écoute de la chanson avec le clip ci-dessous :



Ce dernier présente l'avantage d'offrir un support visuel à une chanson difficile d'accès. Je préviens quand même les élèves que ce n'est qu'une illustration et que tout n'est pas exactement comme dans la chanson. ça leur donne quand même le contexte (un bar, des bagarres, il termine à poil).
Après la première écoute, compréhension globale du document : Qui? Où? Quoi ? Combien de couplets/ refrains. Les apprenants attrapent tout de suite qu'il est dans un bar, qu'il boit du café et que d'autres personnes viennent.

Une deuxième écoute est souvent nécessaire pour déterminer que ces autres personnages sont hostiles (réécoute ciblée : pourquoi ils viennent dans le bar ? Qu'est-ce qu'ils veulent ?) et SURTOUT qu'ils veulent lui prendre ses vêtements.
A partir de là, tout devient plus simple : Quel vêtement ? Pourquoi ils veulent ses vêtements ? Ils veulent tous le même vêtement ? Et lui, il est d'accord ? Qu'est-ce qui se passe alors ? Et à la fin ?
Et vous avez ainsi le déroulé de la chanson avec le clip vidéo qui prend tout son sens. A ce stade, il faudrait peut-être envisager de faire un petit schéma récapitulatif pour que ce soit plus simple pour les apprenants.

Si c'est toujours trop difficile pour eux, je leur donne la transcription écrite avec des trous à remplir (classique, oui, mais efficace). Lors de la mise en commun de ce travail, débarrassez-vous directement de tous les refrains (mandale, châtaigne,...) pour ne pas avoir à y revenir. Faites aussi expliquer le vocabulaire qui pose problème sans trop vous attarder. Vous pouvez faire relever maintenant les mots en relation avec la lutte, la bagarre, même si je préfère faire ça en dernier et de manière linéaire (honte à moi ! Je sais...) pour expliquer la chanson en détail car ce champ lexical est présent partout.

Une fois que ce travail est effectué, je leur propose de retrouver le sens de certaines expressions en leur présentant deux colonnes : une avec les expressions en registre standard et une autre avec les mots/ expressions de la chanson, pour faire un petit exercice d’appariement.


Ici, il ne faut pas se le cacher, tout dépend de la vivacité d'esprit des étudiants... Et je n'en ai jamais eu plus de deux ou trois assez vifs dans le cours pour réussir cette activité. La plupart d'entre eux se découragent (bien à tort !!) immédiatement. En effet, il suffit de leur donner quelques conseils tout simple pour réussir :
- Faire correspondre les catégories grammaticales (chouraver a toutes les apparences d'un verbe, il faut donc l'associer avec un verbe...).
- Insister sur la structure de la chanson (dans tel refrain, il vole ses bottes et la dernière phrase, c'est "je lui ai filé mes grolles"). Avec ce raisonnement, il est aussi facile de trouver "futal" avec jeans.
- Insister sur le contexte de chaque mot en relation avec le sens général de la chanson. On sait que les autres personnes volent ses vêtements donc "chouraver son blouson", ça veut dire quoi ?

Un véritable esprit de déduction est nécessaire et c'est ce qui rend ce point si délicat.
L'explication de certaines expressions peut prendre un tour assez drôle, comme "je me les gèle", qu'ils n'ont aucun mal à comprendre (il s'agit des MAINS, bien sûr).

Enfin, si le niveau est assez élevé, il est possible de leur proposer d'écrire un couplet en plus sur un vêtement de leur choix en essayant d'utiliser des mots familiers ou - pourquoi pas - de créer leurs propres mots en verlan, histoire de leur montrer que le français n'est pas non plus une langue figée et qu'on peut la tordre aussi pour son propre plaisir (avec parcimonie...).


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