Objectifs du blog

Florian Fle est un blog consacré au Français Langue étrangère. Vous pourrez trouver ici des idées de jeu à réaliser en classe, de diverses activités ludiques et j'espère de beaucoup d'autres choses au fur et à mesure de l'évolution du blog. J'espère simplement partager des conseils pratiques pour l'animation de classe, pour la présentation de documents et pour la motivation des élèves. (Dans le plus pur respect du CECR et des approches communicatives et actionnelles). Toutes les remarques sont les bienvenues !

Les libellés proposent un classement par niveau et par type de document.

mardi 30 octobre 2012

Hanabi : les chiffres et les couleurs !

Niveau : A1
Public : Enfant
Durée : variable
Nombre de joueurs : jusqu'à 5



Objectifs linguistiques :
- Les chiffres jusqu'à 5.
- Les couleurs : rouge, vert, jaune, bleu, blanc.
- Le verbe avoir au présent.
- Questions diverses.

Hanabi est un jeu rapide et facile à comprendre qui vous met dans la peau d'un artificier ! C'est aussi un jeu coopératif de 2 à 5 joueurs qui s'articule autour des chiffres et des couleurs (les chiffres jusqu'à 5 et les 5 couleurs : vert, rouge, jaune, bleu, blanc (le blanc est-il une couleur ? Vous avez quatre heures...)).

Le but du jeu est simple : poser sur la table des suites de chaque couleur (de 1 à 5, donc). Petite subtilité : vous ne voyez pas votre jeu ! Les cartes sont cachées pour vous mais visibles pour les autres. Ce sont vos coéquipiers qui vous donnent des indications pour vous permettre de faire le meilleur choix. Mais il n'est possible de ne donner qu'une seule information à la fois, portant sur un chiffre ou sur une couleur, par exemple : "tu as un 2 ici et là" ou "tu as deux cartes rouges, ici et là",...

Le principe paraît simple mais réussir à poser tous les feux d'artifice est quasi-impossible. Certaines cartes n'existent qu'en très peu d'exemplaires et peuvent - si l'on n'y prend pas garde - être défaussées par un joueur qui n'a pas eu la bonne information au bon moment. Tout ça devient très vite assez cérébral et frustrant. On se fait rouler par le jeu, même en instaurant des règles implicites et officieuses (et tout à fait proscrites par la règle) censées éviter de jeter certaines cartes ou de poser ce qu'il faut quand il faut...



Concrètement, j'ai du mal à voir ce que ça peut donner en classe. Les mécanismes de bases sont simples et les phrases autorisées assez basiques, mais cela nécessite quand même une excellente compréhension entre les joueurs et une bonne entente pour progresser un minimum. En gros, il vaut mieux le tester avec des apprenants complices et futés. Tout se joue sur une coopération discrète et silencieuse, par des jeux de regards et des discussions très encadrées sur la meilleure des solutions à prendre. C'est un jeu coopératif, ne l'oublions pas, et même si chacun joue à son tour, rien ne l'empêche de consulter ses partenaires sur ce qu'il doit faire ou de mettre au point une stratégie globale. Les moins malins pourront sans doute s'amuser mais risquent de perdre assez vite en faisant n'importe quoi.

Comme les parties se jouent au nombre de points, on peut aussi organiser un tournoi des meilleurs artificiers. Dans ce cas, il faudra deux ou trois jeux selon le nombre d'élèves. Mais en le couplant avec deux ou trois autres jeux du genre, il est possible d'organiser des petites olympiades avec des équipes qui jouent chacune leur tour aux jeux proposés.

Enfin, il me semble qu'il serait plus astucieux de réaliser cette activité avec des apprenants partageant la même langue pour être capable de leur expliquer certaines subtilités dans la langue d'origine. Cela permettra aussi d'utiliser cette même langue au cours d'éventuelles négociations et de mise en place de stratégies, pour ne pas casser la dynamique du jeu, tout en le gardant accessible aux débutants et en leur permettant d'utiliser leurs premiers mots/ expressions/ phrases en français.

jeudi 25 octobre 2012

Le bourgeois gentilhomme (Molière)

Niveau : fin (bon) B1- B2
Durée : 40-60mn

Photo de Le Bourgeois gentilhomme
Objectifs linguistiques :
- Révision du gérondif.
- Lexique de la bouche et de l'articulation (ouvrir, fermer, rapprocher, lèvres, dents, langue,...)
- L'articulation des voyelles et de quelques consonnes. C'est ici cet objectif phonétique qui est le plus important.

Objectif fonctionnel :
- Comprendre un extrait d'une pièce de théâtre comique dans laquelle un professeur enseigne la manière de prononcer et d'articuler certains phonèmes français.

Objectifs culturels :
- Un grand dramaturge français : Molière.
- Le contexte socioculturel sous Louis XIV (pour comprendre le pourquoi de cette pièce)

Je l'ai fait en fin B1 et ça s'est plutôt bien passé avec la transcription, même si la première écoute (ou la deuxième...) n'était pas évidente pour les apprenants.

Sensibilisation

L'affiche du film avec Galabru (idiotement censurée par les détenteurs de ses droits comme vous le voyez ci-dessus) (mais d'autres affiches assez similaires peuvent faire l'affaire si vous ne trouvez pas celle-là) me semble particulièrement éclairante pour aborder cette pièce. On y retrouve tous les éléments importants de l'intrigue : l'époque, le héros, ses désirs, sa triste réalité. L'affiche retranscrit parfaitement le titre et l'explicite dans le fossé entre la réalité d'un bon bourgeois ridicule et vulgaire et ce qu'il ne sera jamais : un noble cultivé, même s'il le croit férocement (l'image que lui renvoie le miroir).
Donc j'y vais franco :
C'est quoi ? Une affiche de film : le bourgeois gentilhomme.
D'accord, mais à l'origine, c'est quoi ? Une pièce de théâtre.
De qui ? De Molière (écrit sur l'affiche) Parenthèse : c'est qui Molière ?
Qu'est-ce que vous voyez ? Un gros bonhomme et dans la glace, Louis XIV.
C'est qui Louis XIV ? Pourquoi le reflet dans le miroir c'est Louis XIV ? Quel rapport avec le titre ? C'est quoi un bourgeois ? C'est quoi un gentilhomme ? Ah! Il n'y a pas un oxymore ici ? (une "contradiction".... ok) Oui ? Alors quelle est l'histoire ?
Petite précision qui a son importance : c'est une comédie, ils ne devraient pas avoir trop de mal à la deviner. Le tout est de leur faire comprendre que c'est un bourgeois pas très malin qui veut à tout prix pénétrer le monde de la noblesse et n'y parvient pas vraiment. Et que - cherry on the cake - c'est tout à fait symptomatique de la bourgeoisie de l'époque de Molière et qu'il s'agit d'une satire sociale !

La compréhension globale

Une fois que l'intrigue est posée, on peut passer à l'extrait en question.
Plusieurs passages existent sur youtube ou dailymotion mais tous ne sont pas forcément bons (accent du 17ème siècle ou acteurs qui se trompent dans les explications.... même si ça passe inaperçu pour le public inattentif !!! MAIS pas pour moi). Malgré la qualité visuelle et sonore fort médiocre de celui-ci, c'est le moins mauvais que j'ai trouvé, mais je laisse le choix à votre convenance (il faut chercher "Le bourgeois gentilhomme leçon d'orthographe"). La transcription est en bas de page dans "plus d'infos".

Voici le lien pour mon choix : http://www.dailymotion.com/video/x15v2_m-jourdain-et-les-sons-1_school

Le passage n'est pas très long, entre 2 et 4 minutes selon les versions. La première écoute sert à situer globalement l'action : le bourgeois en question ET son professeur (de philosophie) sont en pleine leçon de prononciation et de formation des voyelles et consonnes françaises (et non pas d'orthographe, contrairement à ce qui est écrit partout...), en un mot comme en cent, en plein atelier de phonétique !
Il suffit de demander : Que fait le professeur ? Il lui montre comment prononcer les lettres. Quelles lettres ? A E I O U + quelques consonnes.
Sur tous les extraits, Monsieur Jourdain a l'air complètement abruti et le maître de philosophie complètement escroc. En demandant aux apprenants ce qu'ils pensent du comportement de chaque personne, ils répondent rapidement qu'il y en a un qui se fiche de la tête de l'autre. On peut le relier à l'intrigue générale : pourquoi est-ce qu'il prend cette leçon ? Pour se cultiver mais l'autre l'arnaque sans scrupules en lui racontant des choses qu'il sait déjà.... Heureusement pour les profs de Fle !

La compréhension finalisée

Si le niveau est bon, il est sans doute possible de faire relever comment on forme chaque lettre en confiant à différents groupes différents phonèmes. Si c'est trop difficile, on passe directement à la transcription mais c'est dommage. Une fois ce relevé effectué, il est temps de décortiquer les objectifs qui vous intéressent. Une petite révision rapide du gérondif (pour la manière ici) ne fait jamais de mal et il est surtout nécessaire à mon sens de trouver un classement malin pour le champ lexical de l'articulation phonétique. Là, j'avoue bien volontiers que je sèche un peu. A part les verbes et les noms, je ne vois pas comment catégoriser tout ça. Si jamais quelqu'un a des idées...

Production

Finalement, la suite logique du travail qui précède, c'est de faire réfléchir les apprenants sur la prononciation des phonèmes français. Je leur ai donc attribué des consonnes différentes (parmi celles qui ne sont pas utilisées dans le document) à chacun (en petits groupes de deux ou trois) en leur demandant d'expliquer de quelle manière on forme chacune de ces lettres. Cette activité a l'avantage de les faire réfléchir à plusieurs sur la manière dont ils prononcent ces lettres, les différences éventuelles entre eux et l'origine mécanique, articulatoire de ces divergences. Donc au final de leur faire prendre conscience de l'importance de cet aspect physique de la prononciation.
Et SURTOUT, surtout, d'arriver à ce qu'ils opposent les D/T, K/G, CH/J, F/V,... et autres couples de consonnes en observant les vibrations des cordes vocales et les continuités ou ruptures de son. Et je le dis tout net : ce n'est pas gagné ! Après que je les ai harcelés à plusieurs reprises sur les séances précédentes et sensibilisés tant bien que mal à ces problèmes, ils n'avaient toujours pas assimilé tout ce qu'on avait fait et qui aurait pu grandement les aider dans ce travail. Je retenterai ma chance un jour...

Mon temps était limité, mais on pourrait prolonger l'activité en demandant également de préciser dans quelles circonstances on peut utiliser ces lettres, ou d'expliciter ce qu'elles expriment facialement quand on les prononce (comme par exemple le U qui sert à faire la moue).



dimanche 21 octobre 2012

Le premier cours : la présentation !

La première impression est souvent déterminante pour la suite du cours, je vous propose donc un petit billet sur les différentes manières d'aborder une classe pour le premier cours à travers les différentes manières de se présenter... Je parle ici des apprenants MAIS également, du professeur. Ce message sera complété au fur et à mesure, grossissant indéfiniment, telle la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le bœuf ! Tout ça, en gardant toujours à l'esprit qu'on est aussi là pour souder un groupe qui ne se connaît peut-être pas du tout et créer une ambiance agréable propice au travail.

Avant la présentation :

Quelque chose que j'aime bien faire pour mettre en jambe et lancer une petite interaction pas trop compliquée et valorisante pour les apprenants, c'est de demander "Alors... de quoi on a besoin pour se présenter ?" et de faire la liste au tableau. ça permet d'établir un premier contact avec les élèves et ils seront eux-mêmes à l'origine des questions qu'ils vont ensuite se poser ou poser aux autres.
Mais il est également possible de leur demander directement de se présenter.

La présentation classique :

Le professeur demande à chaque apprenant de se présenter en donnant son nom/ nationalité (cas d'un contexte homoglotte avec des apprenants de différentes nationalités)/ ses passions/ pourquoi il apprend le français/...
Enfin classique, donc. Je ne développe pas trop cet aspect.

La présentation par deux :

Dans ce cas, le professeur demande aux apprenants de poser des questions à leur voisin sur ces différentes informations. Les apprenants discutent par deux pendant 5-10mn, ce qui leur permet de commencer à faire connaissance sans trop se stresser.
Ensuite, chaque apprenant présente son/sa voisin(e) au reste de la classe.
C'est dans ce premier tour de classe que j'essaye de retenir les prénoms (qu'en général je demande déjà à l'arrivée des étudiants dans la classe). Même si ça prend un peu de temps, non seulement ça permet à chacun de discuter un peu avec son voisin, mais en plus les apprenants me semblent plus prolixes quand ils parlent des autres. Les écouter pendant leurs échanges et pendant leur présentation à la classe me permet d'avoir une vision assez précise des bons et des "moins bons" qu'il me faudra surveiller.

Le speed-dating :

Le principe est bien connu et a l'avantage énorme de faire se rencontrer tout le monde en très peu de temps. Je laisse trois minutes par binôme (ou trinôme en cas de nombre impair !) en général. Problème : ça exclut un peu le prof, sauf s'il décide de participer avec les apprenants mais je ne suis pas trop pour me mettre sur un pied de totale égalité avec eux (surtout que je suis encore assez jeune et que j'ai besoin de garder une petite distance).
Pour ne pas être complètement largué, je laisse donc traîner mon oreille un peu partout pour repérer les prénoms, quelques informations sur chacun et pour commencer à situer le niveau du groupe et de chaque étudiant.

La présentation mensongère :

A réserver aux niveaux B1 pour que ce soit vraiment sympa et intéressant (bon A2 possible mais ça ne donne pas des choses terribles). Même principe que pour une présentation classique, sauf que chaque étudiant doit introduire un MENSONGE dans sa présentation. Avant toute chose, il faut bien sûr rappeler ce qu'est un mensonge, ce qui n'est souvent pas évident pour tout le monde, même dans les hauts niveaux. On laisse deux-trois minutes aux apprenants pour trouver un bon mensonge puis ils se présentent (il y en a toujours un plus motivé -escroc? filou?- que les autres qui veut commencer). Les autres doivent alors trouver le mensonge.

On peut coupler cette activité avec un speed-dating juste avant. Comme ça, les apprenants sont déjà un peu connus par les autres et doivent faire un petit effort d'imagination pour ne pas être démasqués.

Deux possibilités : laisser les étudiants blablater tant qu'ils veulent pour se présenter (ou se représenter si l'activité arrive en seconde activité) ou bien demander (peut-être pour les niveaux plus faibles) de donner un nombre limité d'informations, par exemple trois ou quatre et d'y introduire un mensonge. Ainsi, on peut gagner beaucoup de temps et ne pas passer des heures à chercher un mensonge trop bien caché par un trop bon élève.

Retenir les prénoms :

Poupak? Bounty? Settakorn? Arunkumar ? Ratchadaphon ? Autant de noms qu'on ne retrouvera jamais (ou rarement) en France mais qui sont assez communs dans les classes de Fle. Les retenir peut parfois devenir un véritable exploit, surtout si la classe est un peu chargée. Heureusement, on prend très vite l'habitude.
Néanmoins, voici ci-dessous quelques idées pour les retenir plus facilement - idées qui seront tout aussi utiles pour les apprenants entre eux. Ces activités se font normalement après une première présentation sinon c'est trop difficile !

Le cercle des prénoms : version 1

J'aime bien cette méthode qui ne met pas trop de pression individuelle. Le prof réunit les apprenants en cercle et place un apprenant au centre du cercle avec une simple question pour le groupe : "comment il s'appelle ?". Les autres donnent les prénoms en chœur puis la personne au milieu choisit n'importe qui pour le remplacer. Le groupe donne son nom. La deuxième personne en choisit une troisième pour venir au centre. Le groupe beugle son nom, etc. L'idée est d'aller de plus en plus vite et de faire en sorte que chacun passe deux ou trois fois, histoire de bien imprimer son nom dans votre mémoire.
Enfin, lorsque les apprenants commencent à en avoir marre, il y en a toujours un pour choisir le professeur qui va au centre du cercle, ce qui marque pour moi la fin de l'activité si j'estime que les autres ont assez tourné.

Le cercle des prénoms : version 2

Même configuration en cercle mais beaucoup plus stressante, à la fois pour les étudiants et pour le professeur (j'exagère... si ça se fait dans une bonne ambiance, il n'y a aucun problème) !! Le professeur demande aux apprenants si certains ont une bonne mémoire ou ont bien retenu la plupart des prénoms et  placent ces-derniers plutôt à sa droite. Les autres avec les mémoires de poisson rouge partent de sa gauche.
Le premier élève à sa gauche donne son nom. Puis le suivant répète le nom du premier et son nom. Le troisième répète les deux premiers noms plus le sien, etc... jusqu'au professeur qui doit se souvenir de tout le groupe avant de donner son propre prénom.

La présentation du professeur :

Souvent je ne donne pas mon nom avant que les apprenants ne se soient présentés. Comme ça. Je ne sais pas si c'est bien, mais ça me fait plaisir de me dévoiler en dernier. Je donne mon nom, ma profession (je suis professeur de Fle ! ça veut dire quoi "Fle" ?). J'annonce alors aux élèves qu'ils ont trois minutes pour me poser toutes les questions qui les intéressent et j'essaye d'y répondre le plus honnêtement du monde (en général, ce n'est pas trop compliqué non plus...).

Vouvoiement ou tutoiement ?

Dernier petit détail : "vous" ou "tu" ? Je ne l'annonce pas toujours directement aux élèves mais ils s'en rendent bien compte : je les vouvoie.

Pour trois raisons :

- D'abord parce que je suis assez jeune et que je préfère établir une petite distance toute symbolique avec les apprenants de mon âge ou ceux qui sont un peu plus vieux (voire beaucoup plus vieux).

- Ensuite parce qu'il est possible d'avoir dans des classes des gens très importants ou très âgés que ça me dérange personnellement de tutoyer (des ambassadeurs par exemple). Je ne veux pas me mettre à tutoyer les personnes de mon âge ou plus jeune et à vouvoyer les autres, ça ne serait pas très juste dans la classe. Donc c'est "vous" pour tout le monde, même si ce n'est absolument pas naturel avec certaines personnes !! D'ailleurs, les apprenants me tutoie très souvent et je ne les embête pas avec ça.

- Enfin parce que le "vous" est plus difficile à utiliser et plus rare dans les conversations. Comme ils sont étrangers, je sais qu'ils ne se feront pas rejeter pour avoir dit "tu" au boulanger ou à l'agent de police et qu'une certaine tolérance sur des erreurs sociolinguistiques de ce genre leur permettra d'être bien accueillis, mais... tout de même ! C'est une forme qu'ils entendront dans certains contexte importants (travail, administration) et il faut les y préparer. Par ailleurs, dans l'incertitude de l'attitude correcte à tenir, le "vous" sera toujours plus utile que le "tu" et toujours d'un bon secours.

Le "tu", ils connaissent. Je ne veux pas les entraîner à quelque chose de facile qu'ils connaissent déjà. Donc je milite pour le "vous" permanent !

Je précise que cela ne m'empêche pas, après la classe, quand on va boire un verre, ou à la fin d'une session, de me mettre à les tutoyer, même si l'habitude de dire "vous" me bloque souvent dans cette démarche ! Le passage du "vous" au "tu" est aussi quelque chose d'assez jouissif qui rapproche soudainement des apprenants et brise des barrières invisibles qu'on a mis en place. Rien que pour cette sensation-là, commencez par le "vous"! Il sera toujours temps de passer au "tu" !



mercredi 10 octobre 2012

Mon mec à moi (Patricia Kaas)

Niveau : A1-A2
Durée : 40mn



Objectifs linguistiques :
- Lexique du jeu/ du mensonge en lien avec celui des relations amoureuses (triche, menteur, joue avec ma vie, croire, chanter des chansons, raconter des histoire, scénarios chinois, c'est rien que du cinéma, jouer un film). On peut dire "lexique des bobards à la femme naïve et consentante".
- Le "e" caduc (avec les verbes pronominaux aussi : "j'me raconte des histoires"... ok, c'est un mauvais exemple, mais on peut manger le -e du "je" ou celui du "me").
- La structure avec les pronoms toniques "à moi", "à toi" pour insister sur l'appartenance.

Objectifs fonctionnels :
- Comprendre une chanson dans laquelle la narratrice parle de sa relation avec un homme peu recommandable mais néanmoins aimé.

Objectifs socio-culturels :
- Gabin et Morgan.


Pourquoi cette chanson ?
- Parce que Patricia Kaas est une des chanteuses françaises les plus connues en France et à l'étranger surtout.
- Parce qu'elle simple à comprendre sur un thème universel (l'amour et le mensonge).
- Parce que Patricia Kaas articule mal et nous permet de travailler le "e" caduc dans une chanson assez lente.
- Parce que même dans les chansons françaises on peut trouver des structures grammaticalement incorrectes...

J'ai testé cette chanson une fois avec une démarche assez classique pour voir un peu la réaction des élèves. C'était avec un groupe de mi-A2 (oui, j'ai beaucoup expérimenté sur ceux-là...). J'avais déjà vu avec eux quelque chose sur Gabin et Morgan et travaillé le "e" caduc à partir d'un manuel de phonétique. On était en plein dans les verbes pronominaux et le futur, soit la période idéal pour aborder ce sujet qui fâchent (et j'en avais assez de les entendre dire "Je vais à la boulangErie"). La chanson arrivait comme un moment de détente et de révision de ce qu'on avait déjà vu. Une sorte d'illustration de l'utilisation (ou plutôt de la non-utilisation) concrète par des Français du "e" caduc.

Avant toute chose, je m'attarde un peu sur le titre. Pourquoi mon mec "à moi" ? Pourquoi cette répétition. Est-ce qu'on peut trouver d'autres exemples/ situations où on peut employer ce genre de structures ? Avec des apprenants en contexte francophone, il doit être possible d'obtenir quelques exemples de la vie quotidienne.

Ils n'ont eu aucun mal à comprendre le contexte général : une femme trompée à laquelle son mec ment sans vergogne mais qui l'aime malgré tout. Il faut ensuite leur faire comprendre pourquoi elle veut rester avec lui et là je ne suis pas bien sûr de comprendre parfaitement le message de la chanson donc je le laisse à votre interprétation.

Comme je ne voulais pas trop m'attarder sur cette interprétation hasardeuse (et qu'il ne me semblait pas utile non plus de surinterpréter quelque chose qui n'avait pas forcément de message profond), je suis rapidement passé à une transcription écrite, texte à trous, mise en commun. Puis un relevé des mot en relation avec le mensonge et à l'explication de ces mots par les apprenants. Certaines expressions ne sont pas forcément évidentes à expliquer et il vaut mieux les préparer pour éviter les mauvaises surprises (faire du cinéma, des scénarios chinois... pour les scénarios chinois, je leur ai montré des photos de casse-tête (je connais pas le pluriel de ce mot... désolé) chinois pour leur faire comprendre la complexité des scénarios... je ne sais pas si c'est la bonne explication mais ça les a convaincus).

Un petit détour par la scène du baiser Gabin-Morgan peut être utile à ce moment-là, mais je n'ai pas eu un gros succès avec cette vidéo. Ils ont été incapables de comprendre le "t'as d'beaux yeux tu sais" (avec un "e" bien mangé) et ça ne leur a fait ni chaud ni froid...


Enfin je suis revenu plus en détail sur la prononciation de certaines phrases pour remplir mon objectif phonétique (rappel).


Pomme C (Calogero)

Niveau : A1-A2
Durée : 40mn

 

 Objectifs linguistiques :
- Lexique informatique/ ordinateur.
- Lexique des relations amoureuses, de la séduction.

Objectifs fonctionnels :
- Comprendre une chanson dans laquelle le narrateur parle de sa relation virtuel avec une autre personne sur internet et exprime des doutes sur la pérennité de cette relation.

Pourquoi cette chanson ?
- Parce que Calogero est quand même connu en France.
- Parce qu'elle n'est pas trop difficile à comprendre (travail sur le vocabulaire mais le reste, ça va).
- Parce ce qu'elle propose un parallèle intéressant entre amour et informatique avec des champs lexicaux qui se croisent en permanence.
- Parce que c'est une chanson d'amour, un thème universel !
- Parce qu'elle peut lancer des débats intéressants sur les relations sur internet et les sites de rencontres et introduire une thématique plus large (dans une optique interculturelle).

Quant au traitement de cette chanson en cours... Je ne sais pas bien comment l'aborder. Il existe un clip un peu modifié par rapport au clip original qui rajoute des cœurs, des claviers, différents attributs amoureux ou informatiques qu'il est intéressant de relever (même sans la musique), mais je n'ai pas pu le retrouver... Il faut donc se contenter du clip officiel qui aide quand même à la compréhension.



Le titre "Pomme C" mérite une petite explication avant de commencer. A partir d'hypothèses très simples, les apprenants vont pouvoir construire le déroulé de la chanson.
En effet, la Pomme est le symbole... d'Aphrodite ! (Vénus acceptée...) dans l'antiquité gréco-romaine. Or, Aphrodite est la déesse de... l'AMOUR. Donc cette chanson va parler ? D'amour, oui. Mais aujourd'hui, la Pomme, ça vous évoque quoi ? APPLE. Parfait. Et "Pomme C", ça sert à quoi sur un ordinateur Apple.... ? A faire un copier-coller ! Voilà, vous gagnez une tringle à rideau, un sac TF1 ! Et bien évidemment, vous aurez aussi droit à Adam et Ève et au péché originel.

D'où les deux thèmes de la chanson qui se retrouvent dans le titre : l'Amour et l'informatique.
Qu'est-ce que ça vous inspire ? Quel thème peut lier à la fois la pomme et le clavier ? Ils vous le donnent en mille : les site de rencontres sur internet.

En même temps, expliquer le titre fait sans doute perdre un peu d'intérêt à la compréhension directe de la chanson sans préparation mais... ça ne me semble pas idiot de leur montrer qu'à partir des deux mots du titre, ils peuvent déjà savoir de quoi ça parle.

Après une première écoute, les élèves ont en général bien compris que c'est un homme qui est amoureux d'une femme et qu'il n'est pas très content. Il faut les titiller un peu sur ça : est-ce qu'il est vraiment triste ? Ou est-ce qu'il aime ça quand même ? Ce genre de relation ? Il veut arrêter ou il veut continuer ? Le tout est de leur faire sortir l'idée d'un doute profond, doute/hésitation contenu(e) dans le refrain "Dois-je sauver ou bien abandonner ?".
Est-ce que ses sentiments sont réels ? Oui. Alors, quel est le problème ? Il ne la voit pas et ne peut pas la toucher. Quel est le rapport avec "Pomme C"? A quel endroit on peut faire "Pomme C" ? Dans les messageries.
De là découle la standardisation/ répétition/ le formatage ("mon écran formate mes sentiments") et peut-être la similitude entre deux fenêtres de messagerie avec deux personnes différentes auxquelles on va pourtant raconter la même chose sans vraiment connaître cette personne et sans qu'elle nous connaisse non plus. Je ne suis pas forcément d'accord avec cette vision, mais il me semble que ce sont les questions posées dans cette chanson et sur lesquelles il faut rebondir.

Une fois que ces réflexions ont été faites, je leur distribue les paroles avec des trous (oui, c'est une manie chez moi...) pour qu'ils les complètent et puis on réécoute la chanson. Enfin, je leur demande de classer les mots qui se rapportent à l'informatique et ceux qui sont en relation avec les relations amoureuses. Je divise la classe en deux. Pendant la mise en commun, je fais un tableau à deux colonnes pour donner systématiquement les équivalents en langage informatique et en langage amoureux (parfois identiques avec des doubles sens comme "allumer", "programme" mais aussi souvent différents et à mettre en parallèle comme "sauver", "abandonner" et même carrément superposés dans un jeu de mot : "Ma déesse, Elle" où on entend "ADSL").

Bref... j'ai essayé cette chanson deux ou trois fois et ça a bien plu à mes élèves. Je l'ai faite en mi-A2 et fin A2 mais elle est assez simple pour être étudiée à la fin du A1 je pense. Ou même dans un niveau plus élevé comme déclencheur de production ou de débat.



mardi 9 octobre 2012

Laisse Béton (Renaud)

Niveau : B1-B2 (réussi en A2 mais avec moult difficultés)
Durée : 45mn



Objectifs linguistiques :
- Relation imparfait - passé composé (en rappel)
- Quelques mots de verlan/ argot
- Lexique de la bagarre/ de la lutte
- Divers objectifs phonétiques sur la langue familière (je serai qui devient chrai ; ça permet de dériver sur j + s => Ch et par exemple "chais pas" utilisé en permanence par les Français)

Objectifs fonctionnels :
- Comprendre une chanson qui rapporte des événements passés dans un langage familier en suivant une structure qui se répète sur plusieurs couplets.

Autant prévenir tout de suite, il faut une classe motivée ! Et qui comprend bien l'oral. J'ai essayé différentes manières de l'aborder mais ça n'a pas toujours été un succès. Je l'ai d'abord tenté avec un groupe de fin-A2 qui ont pris leur temps mais qui ont réussi ce que je leur demandais, puis avec un groupe de quasi-B2 qui n'a carrément rien compris (et y a mis toute la mauvaise volonté du monde).

Mais en premier lieu, pourquoi cette chanson ?
- Parce que c'est l'une des plus connues de Renaud (qui est un des chanteurs français les plus connus).
- Parce que c'est l'une des chansons de Renaud ou on retrouve le moins d'entraves socio-culturelles (aucune à part le verlan).
- Parce que le verlan et les mots familiers utilisés dans cette chanson sont toujours utilisés aujourd'hui (pour 95% d'entre eux).
- Parce que sa structure répétitive de couplet en couplet favorise sa compréhension.

Pour introduire la chanson, je vous propose de passer le début de cette vidéo qui explique un peu le contexte et l'écriture de la chanson. Cette partie ne m'a pas posé de problème en classe. J'ai juste demandé aux apprenants d'attraper au vol le maximum d'informations. On peut aussi donner quelques informations en plus sur Renaud ou leur faire écoute un petit extrait de Mistral Gagnant. Souvent je leur projette des photos de Renaud jeune/ mi-jeune/ vieux pour illustrer son parcours et ses positions (période mai 68, artiste engagé à gauche, etc).



Un petit travail sur le titre et sur le verlan peut être utile avant d'aller plus loin dans l'étude de la chanson. Si les apprenants évoluent dans un environnement jeune et francophone, il n'est pas rare que certains vous sortent "meuf", "flic", "cimer", "relou" ou d'autres mots courants entendus ici ou là.

Ensuite, première écoute de la chanson avec le clip ci-dessous :



Ce dernier présente l'avantage d'offrir un support visuel à une chanson difficile d'accès. Je préviens quand même les élèves que ce n'est qu'une illustration et que tout n'est pas exactement comme dans la chanson. ça leur donne quand même le contexte (un bar, des bagarres, il termine à poil).
Après la première écoute, compréhension globale du document : Qui? Où? Quoi ? Combien de couplets/ refrains. Les apprenants attrapent tout de suite qu'il est dans un bar, qu'il boit du café et que d'autres personnes viennent.

Une deuxième écoute est souvent nécessaire pour déterminer que ces autres personnages sont hostiles (réécoute ciblée : pourquoi ils viennent dans le bar ? Qu'est-ce qu'ils veulent ?) et SURTOUT qu'ils veulent lui prendre ses vêtements.
A partir de là, tout devient plus simple : Quel vêtement ? Pourquoi ils veulent ses vêtements ? Ils veulent tous le même vêtement ? Et lui, il est d'accord ? Qu'est-ce qui se passe alors ? Et à la fin ?
Et vous avez ainsi le déroulé de la chanson avec le clip vidéo qui prend tout son sens. A ce stade, il faudrait peut-être envisager de faire un petit schéma récapitulatif pour que ce soit plus simple pour les apprenants.

Si c'est toujours trop difficile pour eux, je leur donne la transcription écrite avec des trous à remplir (classique, oui, mais efficace). Lors de la mise en commun de ce travail, débarrassez-vous directement de tous les refrains (mandale, châtaigne,...) pour ne pas avoir à y revenir. Faites aussi expliquer le vocabulaire qui pose problème sans trop vous attarder. Vous pouvez faire relever maintenant les mots en relation avec la lutte, la bagarre, même si je préfère faire ça en dernier et de manière linéaire (honte à moi ! Je sais...) pour expliquer la chanson en détail car ce champ lexical est présent partout.

Une fois que ce travail est effectué, je leur propose de retrouver le sens de certaines expressions en leur présentant deux colonnes : une avec les expressions en registre standard et une autre avec les mots/ expressions de la chanson, pour faire un petit exercice d’appariement.


Ici, il ne faut pas se le cacher, tout dépend de la vivacité d'esprit des étudiants... Et je n'en ai jamais eu plus de deux ou trois assez vifs dans le cours pour réussir cette activité. La plupart d'entre eux se découragent (bien à tort !!) immédiatement. En effet, il suffit de leur donner quelques conseils tout simple pour réussir :
- Faire correspondre les catégories grammaticales (chouraver a toutes les apparences d'un verbe, il faut donc l'associer avec un verbe...).
- Insister sur la structure de la chanson (dans tel refrain, il vole ses bottes et la dernière phrase, c'est "je lui ai filé mes grolles"). Avec ce raisonnement, il est aussi facile de trouver "futal" avec jeans.
- Insister sur le contexte de chaque mot en relation avec le sens général de la chanson. On sait que les autres personnes volent ses vêtements donc "chouraver son blouson", ça veut dire quoi ?

Un véritable esprit de déduction est nécessaire et c'est ce qui rend ce point si délicat.
L'explication de certaines expressions peut prendre un tour assez drôle, comme "je me les gèle", qu'ils n'ont aucun mal à comprendre (il s'agit des MAINS, bien sûr).

Enfin, si le niveau est assez élevé, il est possible de leur proposer d'écrire un couplet en plus sur un vêtement de leur choix en essayant d'utiliser des mots familiers ou - pourquoi pas - de créer leurs propres mots en verlan, histoire de leur montrer que le français n'est pas non plus une langue figée et qu'on peut la tordre aussi pour son propre plaisir (avec parcimonie...).


La rue du Mystère

Niveau : A1-A2
Durée : 40mn



Objectifs :
- Se présenter, parler de soi et de son environnement.
- Poser des questions.

Voilà un petit exercice que j'avais fait en classe d'anglais en stage linguistique à Brighton... Il m'avait beaucoup plu et j'ai donc décidé de le reproduire tant bien que mal dans mon cours (ou en tout cas d'en reprendre l'idée car ça fait déjà quelques années et je ne m'en souviens pas en détails...)

Les apprenants sont tous des habitants de la rue du Mystère. Ils reçoivent chacun un papier sur lequel sont écrites diverses informations : nom, prénom, numéro de maison, étage (le cas échéant), relations avec les autres voisins. Chacun connaît deux ou trois informations sur certains des voisins de la rue.
Tous les apprenants reçoivent ces papiers SAUF un des apprenants qui habitent le numéro 13. C'est Monsieur X. Il doit tout faire pour ne pas être découvert par les autres voisins, tandis que ces derniers font tout pour le découvrir en recoupant les informations discordantes.

La personne qui habitent au n°13 doit être un apprenant assez fort par rapport au groupe pour les embobiner correctement. Chaque voisin doit normalement rencontrer tous les autres voisins.

Par exemple : Monsieur X dit à Sabrina qu'il s'appelle Gérard Dupont et qu'il habite au n°1, au premier étage. Puis Sabrina change de partenaire et discute avec une autre personne qui habite également au n°1 mais qui n'a pas le même nom. Elle doit alors trouver une troisième personne pour lui confirmer l'information et savoir lequel lui dit la vérité et lequel lui raconte des bobards. Quand à Monsieur X, en recueillant des informations à droite à gauche (et en laissant toujours parler ses interlocuteurs en premier...), il peut se faire passer alternativement pour différents voisins ou pour toujours le même pour limiter les soupçons. Il peut tout tenter pour ne pas se faire prendre. Y compris faire part de faux soupçons pour accuser les autres.

Cela peut paraître facile, mais finalement après l'avoir testé, je me rends compte que personne n'avait réellement trouvé quelle personne leur racontait des bobards depuis le début.
Pour que le jeu ne devienne pas trop difficile pour Monsieur X, il faut préciser que les apprenants ne peuvent être QUE par groupe de 2, pour éviter de confronter directement deux personnes aux versions contradictoires. Mais cela ne les empêche pas de s'échanger leur doutes et leurs informations (ce qui est même vivement recommandé).

 Les maisons 3 et 7 (et un peu la 5) fonctionnent en autonomie. Les colocs de la 9 n'ont pas besoin d'être tous présents dans le jeu. Ainsi, on peut adapter l'activité au nombre d'élèves dans la classe.

Ce qui est surtout intéressant pour les élèves, c'est de découvrir et de parler avec des personnes avec lesquelles ils sont censés avoir certaines relations sociales. Par exemple : "Ah ! C'est vous Madame Moisi qui habitez au n°15 et qui nous prêtez un garage pour répéter ? Merci beaucoup !"
Il faut encourager les étudiants à réagir avec ces personnes comme ils le feraient dans la vraie vie, dans ce contexte et dans ce type de relations. De même quand le mari et la femme qui vivent sous le même toit se rencontrent au hasard des discussions.

Ci-dessous, les différents rôles ("plus d'infos").


L'île déserte : man versus wild !

Niveau : B1-B2
Durée : 30mn

Objectifs :
- Hypothèse/ condition (si + présent/ imparfait).
- Lexiques particuliers aux professions présentées.
- Convaincre/ argumenter

Travail sur la prise de parole en continu.

Pour prolonger l'activité sur "l'île déserte : perdus en mer !" je vous propose une autre activité que j'ai trouvé sur internet (site "allumez le fle") en l'adaptant légèrement.

Tout d'abord, faîtes une liste avec les apprenants des métiers utiles sur une île déserte. Au besoin, préparez des images et faîtes deviner les professions. En vrac, on peut trouver : médecin, pompier, soldat, agriculteur, jardinier, infirmière, écrivain, prêtre, charpentier, chasseur, musicien, cuisinier,...

Deuxième étape, le prof distribue les métiers selon les envies des apprenants ou selon ses propres envies.

Ensuite, introduire le contexte : après avoir jeté à la mer les objets trop encombrants, les habitants du radeau se rendent compte qu'ils continuent à couler... En demandant aux apprenants ce qu'il faut faire, ils en arrivent très vite à la conclusion qu'il faut jeter quelqu'un par dessus-bord.

Les élèves comprennent tout de suite qu'ils vont devoir réaliser une plaidoirie pour se défendre. Ce discours leur permettra de parler de projets futurs et d'utiliser des conditions et des hypothèses en grand nombre : si quelqu'un tombe malade, je pourrai le soigner... si jamais vous voulez faire une maison sur l'île, je pourrai faire les plans, couper les planches,... Les possibilités sont multiples selon les professions.

Évidemment, certains sont plus difficiles à défendre que d'autres. Le prof doit savoir distribuer les rôles équitablement. On peut aussi introduire un couple qui devra se défendre à deux (et si un autre élève joue le prêtre, il pourra même les marier avant le début de l'activité, pourquoi pas ?).

Enfin, chacun présente sa plaidoirie et il peut s'ensuivre un débat contradictoire. La classe vote ensuite pour désigner le métier le moins utile (en général, il y a toujours quelqu'un qui demande à se sacrifier ou qui vote pour lui-même, ce qui casse un peu l'idée de base mais bon...).

Le débat peut déboucher sur des sujets éthiques. Par exemple, une des personnes peut être tout simplement "une femme enceinte". Est-ce que les autres sont prêts à la jeter à l'eau pour survivre en constatant qu'elle sera complètement inutile sur la terre ferme ?

J'ai essayé de cette manière de provoquer quelques réactions mais mes apprenants ont été très sages et j'en avais quatre prêts à tenter le chemin jusqu'à l'île à la nage pour sauver les autres. Tant pis !! J'attendrai un groupe un peu plus cruel pour rigoler.

L'île déserte : perdus en mer !

Niveau : à partir de fin-A2, début B1.
Durée : 20mn

Objectifs linguistiques :
- Le lexique de la survie, des naufragés.
- La condition : si + présent... alors + futur.
Et selon le niveau si + imparfait... + conditionnel.
- Le futur simple et le futur proche.

Objectifs fonctionnels :
- Argumenter / convaincre.
- Exprimer des hypothèses et des conditions.

Je n'ai essayé cette activité qu'une seule fois. J'ai d'abord montré des photos d'île déserte et de canot de sauvetage. J'ai fait comprendre aux apprenants qu'ils étaient tous dans un radeau avec une île en vue. Problème : le bateau coule. Il faut jeter des provisions par-dessus bord. Je leur ai alors proposé de choisir deux objets à garder parmi ceux qui sont présentés (on peut monter à trois car tout le monde est d'accord pour garder l'eau...).

Par groupe de trois, les apprenants doivent décider des meilleures options pour leur survie sur l'île. Ils ne savent pas combien de temps ils vont y rester. Cela les encourage à faire des hypothèse du style : Si on jette l'eau, on ne pourra pas boire. Si on jette la scie, on ne pourra pas se défendre contre les bêtes sauvages. Si on garde le pistolet, on pourra chasser... etc. De même, avec l'imparfait et le conditionnel.

Ensuite chaque groupe explique ses choix et toute la classe essaye de se mettre d'accord sur les trois objets à garder.
Il y a mille manières d'aborder cette activité qui a l'avantage de ne pas nécessité de grosse préparation et qui plaît beaucoup aux élèves. Elle est aussi très rapide à mettre en place et à s'effectuer. Très utile pour meubler 20mn de cours intelligemment.

Speech - Il était une fois

Niveau : Tous niveaux (mais plutôt à partir de A2).
Durée : variable selon les activités.


Objectifs : Divers.

Speech est un jeu à part entière qu'on peut utiliser avec les règles d'origines (en gros, tirer des cartes et inventer des histoires à partir de ces cartes), mais dont on peut aussi se servir beaucoup plus simplement.

Speech, c'est tout simplement un petit boitier métallique avec 60 cartes double-face, soit 120 images sur tout et n'importe quoi.
Si la classe parle beaucoup et a plutôt un bon niveau, il est tout à fait possible de leur proposer d'improviser sur les cartes qu'ils tirent en suivant la règle du jeu. Personnellement, je trouve ça super stressant et je ne pense pas le faire en classe (déjà en langue maternelle, ce n'est pas toujours évident pour tout le monde).

Je propose donc de se servir de ces cartes dans un but purement utilitaire pour déclencher les productions, qu'elles soient orales ou écrites. On distribue trois ou quatre cartes à chaque groupe/ personne qui doit ensuite réaliser un travail.
Par exemple, je m'en suis servi pour :
- Faire raconter un fait divers insolite.
- Faire raconter une histoire personnelle dans le passé dans une conversation téléphonique.
- Créer un conte/ une histoire imaginaire.
- Etc.

Les possibilités sont infinies. On peut même s'en servir pour la description. Une personne décrit et les autres doivent trouver quelle carte est décrite le plus rapidement possible.

On peut s'en servir comme des contraintes absolues (il FAUT utiliser une ou plusieurs cartes dans sa production) ou simplement comme déclencheur de production, pour aider des étudiants en manque d'inspiration. Ce jeu a l'avantage non négligeable d'être prêt à l'emploi et de dispenser le professeur de passer des heures à découper des images dans des magazines ou dans des journaux.

Dans le même genre, pour des niveaux beaucoup plus avancés (B2 et maîtrise du passé simple), il existe le jeu "Il était une fois" que je n'ai pas encore testé en classe (faute de cobayes disponibles...).
Même principe : des cartes "roi", "princesse", "trésor",... ainsi que des lieux ("château", "grotte",...), des situations ("ils tombent amoureux", "une transformation") ou encore des fins obligées ("alors il lui pardonna et ils se marièrent", "ils le mangèrent au festin et ce fut savoureux") et toujours un seul objectif : inventer un conte.


J'essayerai de le tester un jour pour en rendre "conte" (ok, jeu de mot merdique...) plus parfaitement.

Où étiez-vous à l'heure du crime ?

Niveau : à partir de mi-A2
Durée : 30-40mn par manche



Objectifs linguistiques :
- Les différentes façons de poser des questions (nécessite un rappel préalable).
- Lexique différents selon les crimes choisis.

Objectif fonctionnel :
- Mener un interrogatoire pour confondre des suspects.

Je commence toujours cette activité par des photos de Colombo, Derrick, Hercule Poirot et Maigret (que personne ne reconnaît jamais). J'introduis de cette manière l'idée d'inspecteur, de suspect, d'alibi, d'interrogatoire. On fait un petit brainstorming (remue-méninge) sur le type de questions qu'on peut poser à un suspect (en général : où? Quand? Pourquoi? Avec qui? Combien de temps?...). Il est important que tout le monde participe à cette activité. J'ai cherché des interrogatoires sur internet mais je n'ai rien trouvé de bien concluant (surtout pour les petits niveaux). A la limite, le site polar fle, mais presque plus rien ne marche dessus.

Un jeu qui ne nécessite pas de boîte de jeu et qui peut très bien se faire avec quelques bouts de papier mais bon... C'est toujours plus agréable de jouer avec des vraies cartes.
Ce jeu repose sur des mécanismes bien connus :
- On choisit deux suspects.
- On tire un crime (on a volé la hotte du Père Noël, une petite vieille aveugle et en fauteuil roulant a été dévalisée,...). Faites attention, il y a pas mal de socio-culturel dans certains crimes.
- On tire un alibi, du plus crédible au plus improbable (au cinéma, tout nu dans une cabine téléphonique, en tain de commettre un autre crime...)
- On tire l'heure du crime (conditionne pas mal de choses).
- Les deux suspects préparent leur alibi en dehors de la classe.
- Le reste de la classe prépare les questions à poser (qui devront être identiques pour les deux suspects).
- Enfin, on interroge séparément les deux suspects pour voir s'ils donnent la même version de leur alibi.



Attention, il faut bien leur préciser qu'il est interdit de répondre "je ne sais pas". Normalement, les questions que posent les inspecteurs sont validés par le professeur qui les écrit au tableau pour s'en rappeler. J'aime bien faire une petite mise en scène au moment de faire rentrer les suspects pour les mettre dans l'ambiance (assis sur une chaise en face de toute la classe, je les tutoies soudainement,...). Mais tout ça se passe très bien. Les suspects ont toujours été des volontaires.

- Dernière étape : les inspecteurs décident ensemble si les suspects sont coupables ou non. En cas d'égalité, je tranche en faveur de l'un ou de l'autre.

Petites précisions : l'intérêt du jeu se montre surtout dès l'interrogatoire du deuxième suspects. C'est alors que les langues se délient et que des questions nouvelles apparaissent. En général, je laisse les étudiants les poser. Les questions qui fusent dans tous les sens avec un ton accusateur sont bien dans l'esprit du jeu. Et de toute façon, cela ne pénalisera pas les suspects.

Je voulais expérimenter une dernière étape, un coup de théâtre de dernière minute : après l'annonce du verdict par les enquêteurs, le prof leur annonce que deux témoins du crime se sont présentés au commissariat. Ils ont réalisé un portrait-robot du criminel.
Deux élèves auront préalablement choisi n'importe qui dans la classe (pendant que les autres préparent les questions pour l'interrogatoire) et auront préparé une description physique de cette personne. Les autres élèves doivent alors deviner qui est le coupable à partir de ce portrait-robot.
Cela permet de faire en plus travailler un peu sur la description, surtout pour le niveau A2.
Plus qu'à essayer...



The Big Idea

Niveau : Fin B1- début B2
Durée : 40mn

Objectifs linguistiques :
- Les pronoms relatifs Qui/ Que (et même dont/ à qui/ où selon le niveau)
- Les verbes pour parler de l'utilisation d'un objet : servir à, permettre de, est utile pour/ à, est idéal pour,...

Objectifs fonctionnels :
- Présenter/ Décrire un objet.
- Vanter les qualités d'un objet.

Et plus généralement : convaincre/ argumenter.

The Big Idea est un jeu extrêmement drôle mais à ne pas mettre entre toutes les mains. D'où les énormes difficultés que j'ai rencontrées pour l'utiliser en classe. Théoriquement, on pourrait l'utiliser dès le A2 ou la fin du A1, mais pas avec tous les élèves...

Le principe est simple. Vous avez deux types de cartes. Les cartes "objets" et les cartes "qualificatifs". On distribue trois cartes objets et qualificatifs à chaque groupe qui doit, à partir de ces différents éléments (en utilisant une, deux, trois... jusqu'à six cartes au choix), créer une invention insolite et extraordinaire.

Les cartes sont très bien faites puisqu'on a le mot, l'image et en dessous une petite définition.

Comme vous pouvez le voir sur cette image, on peut trouver des objets très marrants. Pour cette première partie du jeu, tous mes groupes ont toujours réussi à assembler quelque chose, même si pour certains élèves peu familiers avec le monde du jeu ou un peu âgés, j'ai lutté férocement pour leur faire comprendre ce que j'attendais d'eux.

Deuxième étape : la présentation du produit. Et c'est là que les choses se corsent. Les joueurs doivent convaincre les autres participants que leur invention est la meilleure. Pour cela, deux stratégies : une présentation ultra-convaincante et réaliste (difficile avec les cartes qu'on se ramasse la plupart du temps) ou bien une présentation déjantée d'un produit infaisable. En général, c'est la meilleure manière pour s'attirer les voix au moment du vote. Problème : l'absurde ne plaît pas à tout le monde et il faut au moins un tchatcheur dans chaque équipe pour défendre les qualités de son invention.
Cette étape de présentation a l'avantage de faire présenter aux autres équipes des qualificatifs dont ils doivent saisir le sens à partir des exemples qui sont donnés pour illustrer l'utilité de ces inventions.

J'ai essayé différentes manières d'aborder cette étape de la présentation. La première fois, je les ai laissés libres de leur présentation. C'était un groupe de fin-B1 et l'expérience a été plutôt concluante et amusante même si le résultat dépend beaucoup du degré de "funitude" et de capacité à raconter des choses totalement absurdes de la part des élèves (et c'est exactement la même chose si vous jouez avec des natifs...).
J'ai retenté la même expérience avec des mi-A2 et là c'était déjà beaucoup plus compliqué. Très peu de groupes ont réussi à me sortir une présentation correcte. La plupart d'entre eux, se sont débattus avec leur imagination pendant un quart d'heure pour me sortir des inventions vraiment pas terribles... Quant aux présentations, elles se résumaient à deux phrases. Une pour donner le nom du produit, une pour demander de voter pour eux...
Echec cuisant donc, sauf pour les plus déjantés du groupe qui m'ont sorti des choses intéressantes. Pour les autres, je crois que l'idée que c'était un jeu leur a soudain ôté toute envie de faire des efforts.
J'ai retenté l'expérience un niveau au dessus, dans un atelier oral A2. Là encore, j'ai rencontré des difficultés pour l'étape de la présentation chez beaucoup de groupes alors que j'avais bien essayé de leur donner un cadre assez strict, leur demandant une phrase commençant par "C'est un objet qui sert à", "qu'on utilise pour", "qui est idéal pour", etc. Mais mes consignes n'ont pas été respectées.

Trois tentatives au total. Pour la première (niveau B1), je n'ai pas fait d'activité préparatoire, ils n'en avaient pas besoin. Pour les deux autres, j'ai beaucoup insisté sur des documents publicitaires qui présentaient diverses produits insolites. D'abord pour travailler Qui/ Que s'ils ne le connaissaient pas et ensuite pour faire repérer les verbes et les expressions utilisées dans ces descriptions publicitaires (ou articles de magazines design et décoration). C'est pour ça que finalement, je me dis que A2, c'est un peu tôt (ou avec des groupes très déconneurs). Tentez plutôt l'expérience à partir du B1 avec un petit texte qui présente un objet insolite.
Comme c'est un jeu, pour ne pas perdre les élèves dès la première minute, je conseille de bien insister sur les points suivants (voire les écrire au tableau) :
- Les verbes pour présenter un objet.
- Demander de toujours préciser à qui ça s'adresse.
- Demander à chaque fois de donner un exemple concret d'utilisation pour tout qualificatif qui rentre dans la composition de l'invention (et pas simplement "liquide, ça veut dire que c'est pas solide").
- Expliquer que c'est un JEU et donc qu'ils peuvent se permettre n'importe quoi. Certains groupes essayeront systématiquement de réaliser des inventions possibles et réalisables (ou même qui existent déjà) et resteront bloqués un long moment sur cette idée (surtout les Allemands...) (sans blague).

Enfin pour introduire cette activité, je leur montre toujours quelques photos de Géo Trouvetou (BD Picsou, ce qui permet de savoir comme Picsou s'appelle dans d'autres langues), de Benjamin Franklin et de Léonard de Vinci. Les élèves trouvent rapidement que ce sont tous des inventeurs et je leur propose alors de devenir eux-mêmes des inventeurs et de créer l'invention révolutionnaire du 21ème siècle.

Un jeu très intéressant donc, mais plus qu'une question de niveau, c'est surtout une question de personne. Pour être sûr que chacun puisse sortir quelque chose, mieux vaut donc attendre un niveau un peu élevé comme B1, ou bien être sûr de sa classe et de leur capacité à blablater sur des sujets absurdes.